Alerte
! Alerte ! Un mal étrange s'étend dans notre pays. Certains
s'inquiètent qu'il ne soit déjà trop tard. Il semble que l'on soit
passé de l'épidémie à la pandémie. Il touche toutes les
classes de la population : quidam lambda, personnalités politiques,
journalistes, chroniqueurs, comédiens, écrivains, etc. Le vecteur
principal identifié se trouve dans les médias (TV, radio), là où
le langage sévit.
Ce
mal est le mot "voilà" !! Ce mot, si anodin à première
vue, est utilisé à tout bout de champ, la plupart du temps à tords
et à travers, et déstructure, parfois totalement, les phrases de
ceux qui parlent. Certains commencent une phrase et soudain
l'interrompent brutalement par le mot "voilà", sans la
finir. Le sens de cette phrase devient alors indéterminé, flou,
incohérent ! Comme si, celui qui écoute, devait terminer la
phrase et reconstituer le sens de ce qui n'a pas été dit ! On
s'éloigne ici des règles simples de la communication. Souvent
ce mot se retrouve associé avec d'autres mots comme « ben »
et/ou « bon », entouré de "euh...", le tout créant une soupe orale terrifiante !
-
attirer l'attention : "le voilà qui arrive"
-
donner la notion d'éloignement par opposition à "voici"
-
indiquer une conclusion / constatation : "et voilà, çà s'est
fini comme ça !"
-
indiquer une explication : "voilà pourquoi je suis en retard"
L'utilisation
inappropriée de ce mot correspondrait à ce qu'il est couramment
appelé "un
tic de langage". Peut-être !
Mais il me semble que le vrai problème porte sur le fait que ceux
qui utilisent ce mot fourre-tout ne sont pas capables de formuler
correctement leur pensée. Cela est grave ! Certes, avoir une pensée et vouloir la traduire en une
phrase structurée et cohérente peut parfois s'avérer difficile. On l'a tous vécu ! En
effet, l'idée que l'on a en tête peut se traduire de diverses
manières, avec des constructions et l'emploi de mots différents
pour quand même arriver à une formulation adéquate et
compréhensible. Mais déformer le langage à ce point peut être le signe d'un symtôme plus sérieux.
Concernant la difficulté de formuler oralement ce que l'on a en tête, ce qui suit montre que, malgré la complexité du propos, l'utilisation de tics de langage n'est pas nécessaire. Prenez
2 intellectuels comme Alain Finkielkraut et Michel Onfray. Si vous en
avez l'occasion la prochaine fois, observez bien comment leur
élocution fonctionne. Le premier a un débit assez lent, souvent
hésitant : on sent que les idées se bousculent dans sa tête,
que pour une même idée il y a sûrement des catégories associées
même si elles sont plus ou moins différentes, avec des
ramifications complexes et des liens divers avec d'autres catégories
plus ou moins éloignées. Il lui devient alors difficile, dans un
temps court, comme celui d'une interview par exemple, de résumer, de
synthétiser sa pensée, et de ne formuler que l'essentiel. Je pense
que pour lui, cet essentiel n'est pas suffisant et rime avec
superficiel. Or, sur certains sujets sensibles, l'adoption de la
superficialité signifie compromission, distorsion de la vérité,
éclatement du sens profond, éloignement du factuel et de la
cohérence. On imagine assez bien le « bouillon de culture »
qu'il y a dans ce type de cerveau. Ici, l'élocution est presque laborieuse mais l'on y trouve pas d'interférences comme des tics de langage !
Ce même bouillon se retrouve sous le crâne de M. Onfray. En
revanche, (et là encore observez le bien, surtout quand son
débatteur le pousse dans ses retranchements ou a tendance à trop
mélanger les concepts en cherchant à mettre Onfray en défaut :
voir l'émission « On n'est pas couché » d'il y a
quelques semaines), son expression orale est mesurée mais rapide,
les idées s'enchaînent fluidement, le tout est cohérent et
lumineux. Et lorsque le sujet mérite d'être approfondi ou qu'il
doit mettre quelques points sur les « i » alors la machine s'accélère ! Le rythme devient plus soutenu,
presque tendu, mais toujours parfaitement audible et compréhensible.
Les idées s'enchaînent dans une cohérence incroyable, dévoilant
la complexité des sujets abordés, tout en les expliquant. C'est
tout simplement beau ! On écoute, on comprend, on apprend, et
on en ressort plus intelligent. Ici non plus, pas de facilités de langage ! Dans les 2 cas, l'utilisation des mots et leur
assemblage pour en faire des phrases structurées et cohérentes a un
vrai sens, celui de la communication et de l'échange entre être
humain : en un mot, le langage.
Et
donc, pour en revenir à notre tic de langage, réfléchissons de
manière logique. Si la parole est l'extension de la pensée, alors
il me semble que l'utilisation d'un mot (bon, ben, voilà, etc.) fourre-tout, serait la marque du vide de la pensée, d'une pensée creuse ! Je sais, les termes sont forts, mais la logique nous pousse en ce sens.
Sur
internet on trouve beaucoup de références concernant ces fameux
tics de langage.
Je n'ai pas tout lu (trop long) mais j'ai trouvé de
nombreux écrits que je qualifierais de
« trop gentils », même s'ils ont le grand mérite de
mettre le doigt sur un phénomène grandissant.
Que l'on me pardonne
mais cela va plus loin qu'un simple tic, qu'une simple facilité de
langage. Dans de nombreux cas, lorsque vous écoutez bien, c'est
l'expression d'une baisse intellectuelle flagrante qui se manifeste,
qui elle-même découle d'un manque important de culture. Certes, pas besoin
d'être un intellectuel, un philosophe, etc., pour penser et
s'exprimer correctement. Ce n'est bien sûr pas un « crime »
de penser et s'exprimer faiblement. Les différences de classes sociales entrent certes en ligne de compte, mais l'épidémie touche apparament tous les niveaux de la société, à des degrés différents bien sûr.
Mais, plus le vide culturel/intellectuel est grand, plus la pensée est pauvre, plus le langage est confus, et plus la communication devient "insensée". Comment donc être dans l'altérité si l'on ne comprend l'autre ? Comment comprendre son environnement si ce qui est environnant n'est pas conceptualisé ? Comment comprendre les complexités, les subtilités et nuances de la vie sous toutes ses formes ? Et enfin, comment peut-on transmettre (à ses enfants par exemple) les fondements indispensables à notre construction d'Homme et de citoyen ? Vaste sujet !
Le problème réside dans
l'exposition médiatique surabondante qui laisse croire que la
faiblesse intellectuelle est la norme : il suffit de regarder
ces émissions de télé-réalité de la TNT, et de TF1 – M6, pour mesurer l'effondrement de la pensée et donc de la
communication. Et puisque c'est la norme, alors pourquoi faire des
efforts. Conséquemment, l'appauvrissement intellectuel poursuit son
œuvre de sape, que les systèmes éducatifs (école, famille) ne
parviennent pas à redresser, voire y concourent !! Le pire
vient de l'exemple, le mauvais, donné par des personnes /
personnalités, toujours dans le cadre médiatique, qui ont eux-mêmes
ce tic : dans l'absolu leur responsabilité est très grande,
mais dans les faits leur irresponsabilité est dommageable.
A écouter ce type de paroles infectées de virus, j'imagine parfois entendre des individus tout droit sortis des premiers âges de l'humanité s'exprimant par borborygmes et grognements !!
Pour finir, je vais
soulever un point qui me taraude depuis plusieurs années. Vous aurez
peut-être remarqué que régulièrement des expressions envahissent
le langage. Par exemple, dans la bouche des jeunes, il y a quelque
temps, l'expression « trop bien » à la place de « très
bien », où l'utilisation du « trop » se faisait de
façon détournée. La déformation du sens initial allait même plus
loin avec « trop pas » au lieu de « pas trop ».
Il y a de multiples exemples de ce genre. Or, j'y vois comme une sorte d'anglicisation de notre langue ! Je parle anglais couramment et suis donc
troublé par le parallèle entre la pauvreté du langage courant anglo-saxon (surtout américain) et l'appauvrissement du nôtre. C'est comme si, par vague successive,
quelqu'un (ou quelques-uns) s'évertuait à introduire dans notre
langue des expressions d'origine anglo-saxonnes.
Si mon intuition
s'avère exacte, quel en serait le but ? Créer une mode en
s'inspirant de ce qui se fait outre-manche et/ou outre-atlantique ? Pauvreté de l'imagination et de la créativité : copier c'est plus simple et ne demande pas d'efforts ? Mauvais goûts ? Ou alors, et cela serait plus critique, l'intention volontaire de
déformer notre langue en la tirant vers le bas. Je ne sais pas. Je
ne veux pas tomber dans l'idée primaire du complot. Mais cela me rappelle un phénomène
du même ordre qui, il y a quelques années, a porté sur une mode
vestimentaire, à l'intention des jeunes femmes encore une fois, et
qui avait envahi l'offre stylistique des designers (si l'on peut parler de
style et de design). Ce style s'apparentait aux tenues vestimentaires
portées par les prostituées américaines ! Surprenant non ?
Quoi qu'il en soit, combattons cette épidémie, et ne succombons pas aux virus !
A bientôt.
Cher Lionel, si cette intervention écrite vient de vous, j'ajoûterais à vos propôs le mot "En fait" entendu prononcé pas moins de ... 10 fois (à raison d'1 toute les 2 secondes environ) par un employé d'un service public ou j'ai un temps travaillé. Sans oublier ces "mots-mode" comme je les ai surnommés, comme nous en abreuvent nos journalistes en ce moment (surtout M.PUJADAS au JT du 20h00 de Fance2... Dans le temps, il s'agissait du "Tous Zazimut", puis depuis, la pub de la 309 Peugeot sur le mur de chine avec le fameux..."REVOLUTONNAIRE" sans oublier une expression dans un film de Gérard Jugnot "Le... MIRACULE"... Et je ne parlerais pas de mots français détournés de leurs sens initiaux, comme le contraire d'attacher dit "Détaché" au lieu de dire simplement;.."Dés-attaché" (son inverse logique), comme pour l'expression "c'est-à-dire" (en mode simple ou employé en mode interrogatif, le premier se substituant à "je veux dire que..."ou... "Autrement-dit", et le second se substituant à "que voulez-vous dire, ou encore "précisez votre pensée" encore mieux adaptée. Si la lacune s'arrêtait là... Prenons notre fameux alphabet (incomplet car ne mentionnant jamais ni à, ç, é, è, ê, ë, ï, ô, ù,û, ü, (et plus rarement le ÿ (l'haÿ-les Roses) et je dois en oublier encore une ou deux, mais ainsi, notre alphabet n'est plus de 26 lettres mais passe à...38 lettres (hormis le fait qu'il comporte plusieurs fois (en phonétique ) les sons "F", "i", "V"... Et ne parlons pas du fameux (et prétendu "I-grec" (Y) qui, sous cette forme s'apparente chez nous au ..."U". Même constatation pour le "X" Grec, deveni chez nous (et toujours en phonétique chez nous..."IKS", alors que chez nos amis Grecs (ainsi qu'en chine (XIN) il se prononce "Ch", et commence un mot au lieux de le finir comme chez nous.
RépondreSupprimerJe ne me prétends pas être un nouveau "Maître CAPELO", mais ayant été éduqué dans un institut privé rigoriste (comme beaucoup d'anciens de ma génération j'aurais 61 ans cette année) à qui l'on ne permemttait aucune faute, ni d'orthographe, ni verbale, sans se faire sévèrement réprimander j'ai donc tout naturellement acquit cette même rigueur à mon tour, surtout après avoir vu comment la génération d'aujourd'hui de plus en plus issue des "migrations" antérieures détruisent (lentement mais sûrement) une langue qui hier encore, était notre fierté Nationale, du biais de SMS phonétiquement écrits sur leur "Smartphones"...
Et je pense sincèrement que d'ici la prochaine génération, notre langue aura disparue, comme cela est arrivé pour le Gaulois, et le...François (vieux français). Nous assistons peût-être à une ... REVOLUTION...future de notre langue et de notre écriture... Faut-il pour autant pour celà renier, et lentement détruire patiemment tout ce que nos ancêtres nous ont légués en héritage de cette culture durant de longs siècles?...
Les débats sont ouverts...
A bon entendeur.
Cordiamement.
Jean PARIS.
PS: Si ce que je viens d'écrire...Et surtout, de décrire ci-dessus vous paraît inepte, infondé et sans aucune valeur, oubliez ce que je viens tout simplement d'écrire, et laissez-vous envahir par cette déconstruction sociale linguistique à laquelle je ne m'associerais jamais...Soucieux de préserver la seule chôse qui nous reste actuellement comme richesse (face à l'Espéranto que j'exècre, au même titre que le Volapük)je continuerais jusqu'à mon dernier souffle à défendre ce patrimoine culturel unique qui est nôtre, au fi de quelques détracteurs soixante-huitards attardés en qui ma démarche ne leur semblera certainement pas "Cool" ( pour employer leur terme "anglicisé" [autre combat que je mène avec acharnement aussi]
L'emploi abusif de ce "voilà" est tout simplement insupportable. Je n'en peux plus, je frissonne en l'entendant. Cela provoque le même effet que lorsque j'entends trois "après", quatre "maintenant", une combinaison de ces deux derniers : "après, maint'nannnnnt ....." et si le tout est suivi des superbes locutions : "voilà quoi;.. j'veux dire .... on est clairement sur du ..... made in France" (je ne la supporte pas non plus celle-ci ....).
RépondreSupprimerPuis-je parler des cousins "du coup" et "en fait" ?
2 février 2015 date de la publication...nous sommes fin 2017 et le bilan des voilà à tout va est désastreux...qu'est ce qu'on va devenir....
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